Présentation du livre : Badaoui, un enfant du désert
Ethos, humilité, empathie : le triptyque d'un échange réussi, par Mohed Altrad
Dimanche 4 novembre 2018, à Athènes
Récemment, j'ai présenté l'édition de mon livre « Badaoui, un enfant du désert » (titre en grec) à l'amphithéâtre du Metropolitan College, à Athènes. Le livre, publié par Calendu Publications et traduit par Tina Piltta, est une autobiographie. Il retrace donc ma vie et mes expériences. Il a reçu le prix Plum 'Adely (en 2003) et le prix de la meilleure traduction 2018 de la « Hellenic Literary Translators Society ». Il a également été proposé comme lecture dans les écoles de France et dans celles d’autres pays.
Le premier message que j'ai essayé de transmettre à travers ce livre est que tout est possible - tout est réalisable si vous suivez votre propre chemin. En deuxième lieu : pour vivre, il faut risquer et, par conséquent, il ne faut pas avoir peur du risque. Moi, j’ai choisi de prendre ce risque… Et ça valait la peine.
Un homme peut changer son destin, et bien que la vie soit remplie de difficultés, il y a toujours de l'espoir. Cet espoir doit être partagé par tout le monde. Cet espoir, c'est l'école, c’est l'apprentissage… Tout comme Maiouf, le héros de mon livre, à l'âge de quatre ou cinq ans, nous ne pouvons raisonnablement penser à prendre une décision en fonction de faits et de réflexions rationnels. Tout ce à quoi nous sommes sensibles, c’est l'intuition ; tout ce que nous avons, c'est l'instinct de vie. La grand-mère de Maiouf dit que l'enfant deviendra un berger, qu’il s’occupera des chèvres et n'aura pas besoin des lettres et des livres. Mais lui, il a une intuition, quelque chose dont il parle, qu’il a au fond de lui, qu’il entend, mais il ne le réalise pas vraiment.
Nous parlons d'un héros qui déteste qu’on lui dise ce qu'il doit comprendre, parce qu'il veut tout comprendre, à sa manière. Par miracle, cet enfant quitte son pays à 16 ou 17 ans et se rend dans un autre pays. Le choc culturel est très fort. Comment pouvons-nous rejoindre une nouvelle société dans une nouvelle réalité ? Et c’est là que réside l’importance décisive d’accepter l’autre, d’accepter les différences.
Le troisième message que je veux transmettre à travers mon récit peut paraître un peu compliqué. Nous assistons à une montée des extrémismes qui m'attriste et m'inquiète vraiment. J'espère que l’homme saura revenir à ce qui doit présider à sa logique, qu'il comprendra qu'il ne peut déroger à sa responsabilité, car l’autre, c’est moi, c’est toujours moi.
Bien que nous puissions commencer quelque chose par nous-mêmes, sans les autres, nous ne pourrons rien faire de grand. Il en va d’ailleurs de même pour les entreprises… nous ne pouvons rien faire si l’on est seul.
Pour terminer, je voudrais évoquer la notion du temps et notre habileté à le réduire ou au contraire à le prolonger. Par définition, la vie est courte. Pour en tirer le meilleur parti, nous devons faire de bonnes choses, pour nous comme pour les autres. Et quand nous agissons ainsi, les autres nous le rendent au centuple.
Je suis heureux que Mme Ioannidou ait voulu, par le biais de la version grecque de mon livre, soutenir les enfants atteints de cancer. Aujourd’hui, je me sens moi aussi redevable et je souhaite participer à des initiatives de ce type. Je crois que nous sommes tous capables de faire le bien, nous sommes tous capables de grandes réalisations - professionnelles, financières et surtout personnelles.
La plupart des entrepreneurs créent leur entreprise en partie pour réussir et pour s'enrichir. Mais si l'argent était la connaissance, nous serions tous riches ! La base sur laquelle j'ai bâti mon entreprise est la suivante : je ne vous connais pas, je ne sais pas de quoi vous êtes capable, mais je vous ferai confiance et je travaillerai avec vous ; où que vous soyez, quels que soient votre appartenance ethnique, votre religion, votre langue et votre culture… Allons ensemble, essayons de faire quelque chose de grand. J’ajouterais que si vous deviez faire appel à différents éléments de différentes cultures, vous créeriez un groupe inébranlable. J’aime à répéter que l'argent n'est pas un objectif mais une conséquence.
Dans la vie, il y a beaucoup d'autres choses importantes : la justice, l'intérêt que l’on accorde à l’autre et le respect des diversités. Dans ma vie, j'ai souffert d'indifférence ; c’est pire qu'une justice qui ne serait elle-même pas juste. Vous pouvez corriger ou changer la justice quand elle n’est pas à la hauteur, mais pas l'indifférence. J'aurais pu abandonner à de nombreux moments difficiles lors de mon parcours, mais je ne l'ai pas fait. C'est ce que j'essaie de dire à travers mon récit, à travers ma vie - personnelle et professionnelle. Et c'est ce que je dis quand je vais à l'école et que je parle aux enfants. J'aimerais offrir ce livre à tous les enfants de Grèce pour qu'ils transmettent ces messages.
Je vous remercie !
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